top of page
facebook.png

LES GIGOLOS DE MEDELLIN

claudinelussier185



Je dois commencer en te disant qu’ici, à Medellin, la prostitution est légale.


Des femmes, des beautés épatantes je dois admettre, il y en a aux pieds carrés. Les travailleuses du sexe, elles sont omniprésentes, le soir, dans El Poblado. Elles sont plutôt faciles à repérer.

On va se dire les vraies affaires, elles sont belles sans bon sens, mais elles ont l’air de…ce qu’elles sont…


J’étais assise sur la terrasse d’un resto-bar, hier, quand un vendeur de suçons ( ouin, il y a des vendeurs de suçons PARTOUT à Medellin, je n’ai pas encore compris le pourquoi. Ça reste un mystère pour moi.) m’approche et me demande si je veux un suçon.


J’hoche la tête de gauche à droite.

Il renchérit : "Marijuana, ecstasy, cocaïne ? "

J’esquisse un sourire et j’hoche la tête à nouveau :

 " Nah, I don't do drugs, thanks anyway "


Il fait un pas vers l’avant pour quitter mais je perçois un instant d’hésitation dans son regard. Il recule et il me dit dans un anglais approximatif :

" Anything else ? Don't be shy, just ask. ANYTHING."


J’hausse les sourcils.

30 secondes de regard de chevreuil.

Et soudain, j’allume (Je ne suis pas vite vite, des fois )

"….ohhhhhh….ok…. "ANYTHING", really? "

Il me fait signe que oui avec un sourire en coin.


Je lui demande s’il veut prendre un verre avec moi.

Il siffle à son collègue vendeur de suçons de l’autre côté de la rue, il lui laisse sa boîte de bonbons et il vient me rejoindre sur la terrasse.


Ce n'est pas ce que tu penses.

Moi, je suis curieuse de nature et l’humain me fascine.

Tu ne peux pas m’offrir « ANYTHING » et penser que je ne te poserai pas MILLE QUESTIONS pour savoir comment ça marche ta vente de suçons avec extra +++.

CLAUDINE-VEUT-SAVOIR.

Viens t’asseoir avec ton google translate, on va jaser !


Je l’avise poliment que son « anything » ne m’intéresse pas pentoute et que je veux juste prendre un verre avec lui et comprendre le phénomène.

On va se le dire, la prostitution mâle "Straight", c’est peu commun et plutôt tabou.


Je ne comprends pas pourquoi d’ailleurs.

Il y a tellement de travailleuses du sexe partout dans le monde, mais jamais on ne voit, au grand jour, de travailleur du sexe hétérosexuel.

Même quand c’est légal.

Même s'il y a de la demande.

Même à Amsterdam ; zéro monsieur sexy dans les vitrines !


Là , je t’entends déjà me dire : "Ouais, bin là, c’est parcque c’est FACILE pour une femme d’avoir du sexe GRATUITEMENT."

Well, welcome to 2023.

Je t’annonce en grande primeur que NON, ce n’est pas siiiiii simple et à Medellin, les colombiens, ils ont compris ça.


En tant qu’homme, tu te dis peut-être, présentement, "euh…le moindrement que t’es un peu cute, ça doit pas être dur ! "


Laisse-moi t’expliquer ce que ça implique comme démarche, « combler tes besoins », particulièrement quand t’es à l’étranger :

1. Sortir seule « en boîte » ( )

2. Trouver le bon endroit ( re-)

3. Trouver un « prospect » à ton goût ( )

4. T’assurer qu’il n’a pas de copine ( )

5. Peut-être être obligé de faire semblant de le trouver intéressant pendant au moins 2-3 drinks. ( ça c’est le pire bout. Habituellement, c’est là que je démissionne )

6. Essayer de l’inviter chez toi sans avoir l’air d’une fille facile. ( big fail la plupart du temps)

7. Espérer qu’il soit propre et qu’il n’ait pas de ITS qui pourraient être contractés malgré le port d’un condom ( Je sais, c’est terrible ce que je dis, mais fuck, c’est vrai ! )

8. Espérer l’avoir bien « sizé » et que ce ne soit pas un psychopathe tueur en série.


Cependant, même si tu réussis à te rendre au point 6, les chances que vraiment t’ailles du fun, que tu prennes ton pied et que tes besoins soient réellement comblés , avec un « one night », sont à moins de 10% ( statistique complètement inventé par moi-même. Basé sur les dires d’une amie, évidemment !)


Ça c’est si tu vas sur le terrain, parce que je n'embarque même pas dans le casse-tête infernal des appli rencontre…


Bref, Monsieur suçon m’explique la gamique des gigolos de Medellin.


Lui, il a 28 ans et déjà 2 gamins.

Il est beau, musclé, bazané.

Le colombien typique très charmeur.

Il habite avec sa femme et il en est follement amoureux, mais ils ont besoin d’argent.

C’était elle ou lui.

Il préférait que ce soit lui.

Plus sécuritaire et il l’admet, il a une très forte libido, il aime BEAUCOUP les femmes.


Ce n’est pas du tout la même game que les histoires de tout inclus qu’on entend souvent, de femmes qui tombent éperdument amoureuse de cubains ou de dominicains, qui au final ne cherchent que des papiers vers un monde meilleur…

Les Gigolos colombiens, ils ne proposent aucun attachement romantique ou relation à long terme et ils ne veulent en aucun cas quitter leur pays( je les comprends, moi non plus! ).

Pour eux, c’est un travail comme un autre.


Il m’explique qu’il y a des classes de gigolos, comme pour les travailleuses du sexe. Clairement, les vendeurs de suçons, c’est l’équivalent des putes de rue.

Ils coûtent 50 000 pesos pour 1h. ( c’est 14$ CAD )

Les plus « haut de gamme », ils sont à 80 000 pesos pour 1h ( 22$ CAD ).

Eux, ils se promènent le soir dans les bars et ils accostent les femmes seules ou les groupes de femmes.


Je suis surprise.

Jamais, en 3 mois, un colombien ne m’a approché dans un bar et je sors seule régulièrement

M. Suçon me dit que je n'ai pas le profil de la cliente type.


Puis finalement, il y a les agences de gigolos.

La crème de la crème. ( Je me trouve drôle !)

Tu les commandes d’avance, y’a un « menu », tu dis ce que tu veux, ils viennent directement chez toi, blabla…

100$USD de l’heure.


Il m’explique que les hommes proposant des services sexuels pour les femmes sont tout aussi nombreux que les travailleuses du sexe,en Colombie.

Ils sont simplement moins évident à repérer.

C’est plus difficile, pour un homme, « d’avoir l’air d’une pute ».


S’il y en a autant, c’est aussi parcequ’il y a beaucoup de demandes.

Mais les femmes, elles ne paient pas pour les mêmes raisons que les hommes.


La clientèle féminine, elle paie pour du respect ( c’est d’une tristesse pas possible écrire ça ), pour que ça dure plus que 20 minutes avec quelqu’un qui sent le fond de tonne.

Elle paie pour ne pas avoir à en passer 5-6 avant de finalement tomber sur quelque chose qu’elle peut qualifier de « décent ».

Elle paie parce que payer c’est s’assurer du happy ending.

Elle paie pour le « human touch ».

Il y a aussi celles qui paient pour ne plus avoir à dire « ouais, c’était vraiment bon. » quand ce ne l’était pas du tout.

Celles qui paient pour ne pas avoir à dealer avec les textos de "on remet ça ? ", qui arrivent 2-3 jours plus tard ou la déception de ne pas en recevoir.

Celles qui paient pour ne pas avoir l’air de filles faciles.

Celles qui paient pour la discrétion.

Celles qui paient parce qu’elles ne rentrent pas dans les stéréotypes de beauté proposés par la société.

Celles qui paient parce qu'elles croient ne pas être « assez ».

Celles qui paient parce qu'elles ne sont pas capables de jouer « la game ».

Celles qui se connaissent et qui s’attachent trop vite, toujours aux mauvaises personnes.

Celles à qui on a menti trop souvent, celles qui se sont faites avoir.

Celles qui ont dit non et qu’on n’a pas écouté.

Celles qui n’ont pas voulu dire non pour ne pas déplaire.

Celles qui ne veulent pas briser leur mariage mais qui ont plus de libido que leurs maris.


Les femmes, selon lui, ont cent fois plus de raisons que les hommes de payer.


Je ne fais pas l’éloge de la prostitution, loin de là.

Je suis totalement contre le tourisme sexuel, d’un côté comme de l’autre.

C’est juste que c’est la première fois que je prends conscience que le phénomène est aussi présent et en demande du côté féminin.

Je suis peut-être un peu naïve.


M. Suçon et moi, on a jasé pendant une heure.

Je lui ai donné 50 000 pesos puis je lui ai dit que j’allais rentrer chez moi ( toute seule).

Il m’a demandé avant que je parte : " Are you sure ? I’m good ! "


J’ai ri.

Je lui ai dit que j’étais certaine qu’il était très bon mais que non.


Je suis sortie du resto bar, puis de la terrasse il m’a crié : "PROMOCION! For you : half price…and a lollypop !"


J’ai éclaté de rire et je me suis dit : " Non mais, tu penses quand même pas que je vais payer 7$ CAD pour coucher avec un gars. Si un jour je paye, crois-moi, je vais prendre le 100$ USD. JE ME RESPECTE QUAND MÊME ! "


Conclusion, si tu viens un jour à Medellin, ne demande jamais à un vendeur de suçons : "Qu’est-ce que je peux avoir pour 7$ ?", la réponse pourrait te surprendre…



0 vue0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comentários


bottom of page