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LA FIN DU PARCOURS

claudinelussier185



Je suis partie très tôt, ce matin, d'Antofagasta.

Je voulais aller voir les géoglyphes Raùl Zurita, qui sont vraiment difficiles d'accès, ainsi que la main du désert.

J'ai fait demi-tour après une centaine de kilomètres dans des trails beaucoup trop sablonneuses à mon goût.


J'avais peur ou plutôt, j'avais la lucidité d'esprit de me dire que si jamais je restais prise dans ce secteur, je me retrouvais dans une très mauvaise posture. Je n'avais pas de connexion internet, je n'avais croisé personne en route et j'étais à des kilomètres de la ville la plus proche.

Atacama, durant les 14 derniers jours, c'est ce qu'il m'a apporté : un challenge et une remise en question constante.


Il m'a fait mettre de l'avant certaines compétences que je ne croyais pas avoir et il m'a fait prendre connaissances de mes limites.

Il m'a fait voir mes capacités.


Je me suis découverte un peu plus à travers ses différents visages et ses multiples facettes.

J'ai été confronté à quelques démons, je suis sortie de plusieurs zones de confort, j'ai dû abdiquer à quelques reprises et faire des compromis à certains moments, moi qui ne suis pas, de façon générale, une fille de compromis.


Il me manque 3 gros morceaux que je n'ai pas été capable de faire : la vallée des Cactus géants, le salar d'Uyuni et le parc national Lauca, tous situés à plus de 4000 mètres d'altitude.

Ce n'est pas faute d'avoir essayer ( 3 fois plutôt qu'une !)

Mais j'ai dû écouter mon corps et rester en bas des 3000 mètres d'altitude la dernière semaine.


J'ai poussé la machine, ma machine, au plus loin de son potentiel et de ses aptitudes actuels.

( bon, on s'entend que je suis totalement consciente que je ne viens pas de finir un Ironman ou un triathlon aux olympiques, j'ai juste traversé un désert, ce n'est rien de comparable !)


Face à Atacama, j'ai levé le drapeau blanc à quelques reprises, en lui disant : "Je suis venue en amie, COME ON !?!"

Mais Atacama, il n'a pas d'ami.

Atacama, il s'en câlisse.

Atacama, c'est un pervers narcissique.

C'est un désert dénudé de toute empathie, de tout sentiment.

Il est sec jusqu'au plus profond de lui-même.

Hostile, inhospitalié voire agressif.

Il souffle le chaud et le froid quand bon lui semble.


Au matin, il est le plus beau, chaleureux et extraordinaire puis le temps passe et en après-midi, ce même soleil qui était si tendre et qui te semblait si bon, est prêt à te brûler, sournoisement, sans aucun remords. Puis finalement, le soir venu, il devient le plus glacial et méprisant qui soit.


Quand on s'aventure sur son chemin, tout est toujours flou, rien n'est jamais clair. Il s'amuse à laisser en suspens des informations.

Il ne t'indiquera jamais précisément la route à suivre, encore moins la sortie car il prend un malin plaisir à te voir pris dans ses filets et à ne plus savoir où donner de la tête.


Insidieusement, il crée de l'anxiété en jouant avec le climat, l'altitude, l'attitude.

Et soudainement son surnom prend tout son sens.

El Diablo.


Mais ce qui est extraordinaire avec lui, c'est qu'il te donne une grosse dose d'humilité.

Pour être capable de l'affronter et de le traverser, la seule arme possible est d'être honnête avec toi-même.

T'as personne à bullshiter de toute façon.

Que toi.

Et ça, crois-moi, ça ne sert pas à grand-chose.


Tu dois donc apprendre à être indifférent à ses silences et trouver ton chemin seule.

Valser au rythme de ses écarts de températures et te tenir loin quand il brille de plein soleil car c'est un piège.

Respecter tes limites pour ne pas y laisser ta peau ou ta santé mentale.


Celà dit, il n'a pas que des défauts, rapelle-toi que le diable était un ange autrefois. Pas pour rien que j'ai décidé de rester encore un mois avec lui.


Atacama, il est capable du pire et du meilleur.

Il a ses villes sereines et vivantes à la fois, en bordure de son océan pacifique d'un bleu profond, qui lui donne un aspect balnéaire stimulant.

(Elles seront tes meilleures alliées pour reprendre tes esprits si tu viens le visiter.)


Il a également des panoramas ainsi qu'une nature spectaculaire, une culture unique, des monuments exceptionnels et les plus beaux ciels étoilés au monde.


Ce désert-là, il n'a rien de semblable aux autres.

Ce désert-là, il m'a apporté les leçons et les enseignements dont j'avais besoin au moment précis où j'en avais besoin.

Merci pour ça, Atacama.

J't'aime, j't'haïs.


En photo : El Mano del Desierto

Haute de 11 mètres et érigée à 1 100m d'altitude, la main du désert est une sculpture réalisée par le Chilien Mario Irarrázabal. Sa taille exagérée met l'accent sur la vulnérabilité et l'impuissance humaine, elle semble appeler à l'aide quiconque pourra la sauver du désert chilien de l'Atacama, brûlant le jour et glacial la nuit.

On dit également qu'elle a pour but de saluer les voyageurs qui franchissent la route dans leur périple vers....nul part !

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