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DONT FUCK WITH ALTITUDE

claudinelussier185



Je suis partie très tôt ,hier matin, en direction de la frontière bolivienne.

Techniquement j'avais environ 4h30 de route à faire pour atteindre la frontière, puis un 3h jusqu'à Uyuni.


Je programme mon google map entre San Pedro et Ollague par le off road ( les trails sont, normalement, hyper bien répertoriées).

Il y a une trail qui bifurque de la route 23 et qui rejoint la B145 en passant par le salar de Calama : trajet spectaculaire.


Je roule pendant 2h dans des paysages lunaires, seule au monde.

Pure bonheur.


Plus j'avance sur ce sentier, plus je me rends compte que le chemin tracé s'amenuise et il devient de plus en plus difficile de savoir où rouler. Je vois que je me dirige tout droit vers une montagne.


J'arrive, une quinzaine de minutes plus tard, directement devant ladite montagne et : plus rien.

Plus de tracé au sol.

Je regarde mon cellulaire et je vois sur ma mappe pré-enregistrée que la route B145 est juste derrière ce mastodonte.

Google dit que ça passe.

J'arrête T-Cross, je sors du véhicule, je fume deux cigarettes back à back en tentant d'analyser par où ça pourrait passer.

Conclusion : ÇA NE PASSERA PAS. JAMAIS. NUL PART.


Pas pour rien que les traces s'arrêtent ici...

C'est impossible.

Google Map oubli clairement de spécifier que ça passe à condition d'avoir DE LA DYNAMITE POUR TE FAIRE UN TUNNEL.( criss)

Fallait me le dire.

Avoir su, j'aurais dit fuck les bars protéinées pis j'aurais fait de la place pour des bâtons de dynamite question de passer au travers des montagnes, sti.


Je regarde partout autours de moi.

Il n'y a pas d'issue.

Pas le choix, je dois revenir sur mes pas.


Je vois sur la carte qu'à environ 1h de route, il va y avoir un embranchement pour atteindre la B145 plus au sud, je l'ai vu un peu plus tôt.

Je sais que le chemin le plus court serait de retourner prendre la 23, puis la 21 mais...c'est plate !

Je ne suis pas venue ici pour faire de l'autoroute.

Je prends donc l'embranchement de la trail qui doit mener vers la B145 sud.

Là, ne me demande pas où j'ai oublié de tourner ou où je n'aurais pas dû tourner mais toujours est-il que je me suis perdue.

BIG TIME.


J'ai roulé plusieurs heures dans des trails aux conditions pas possible sans jamais trouver d'accès à une route principale.


Il a commencé à faire noir.

Merde, ça devait faire 9h que je roulais.

J'ai arrêté le véhicule et j'ai essayé de dormir un peu.

Je n'ai dormi que quelques heures.Il faisait froid pis j'avais mal dans le dos.


Au levé du soleil, je roule un peu en espérant avoir du réseau. ( Mon telephone est programmé sur l'Androide auto, le tableau de bord m'indique quand j'ai de l'accès internet.)

Je n'en ai pas eu hier.

Quand au bout d'une heure, T-cross m'indique que j'ai de l'internet, je m'arrête, j'ouvre Google Map pour avoir ma position et à mon grand étonnement, je suis dans le secteur de Pampa del Tamarugal. ( WTF ?!? je suis complètement à l'opposé d'où je devais me rendre et en plus, je ne comprends pas comment je suis arrivée ici puisqu'il n' y a aucune trail sur la mappe qui se rend d'où je suis partie jusqu'ici.)

OK...


Je regarde la mappe et je constate que la frontière bolivienne la plus près est maintenant celle de Pisiga. Je programme dans le GPS, cette fois-ci, "chemin le plus rapide".

Évidemment, c'est l'autoroute.

J'ai à peine 2h45 de route à faire.

Autoroute ce sera pour aujourd'hui.

Je suis déjà brûlée, je n'ai pratiquement pas dormi, je ne passerai pas par les trails.

Je roule environ 30 minutes avant d'accéder à l'autoroute 15.

J'entame mon parcours sur la 15, mais je ne "feel" pas pentoute.


Plus je roule, plus j'ai mal au coeur, j'ai mal à la tête, j'ai les mains moites, j'ai de la difficulté à respirer.

Je ne comprends pas ce qui se passe.

J'essaie de me parler mais, il n'y a rien à faire.

Je continue tout de même en me disant : "c'est bon, calme toi, ça va passer"


L'autoroute 15, c'est la route commerciale entre le nord du Chili et la Bolivie.

Elle ne comporte qu'une seule voie dans chacune des directions.

Le trafic est presqu'entièrement constitué de poids lourds transportant de la marchandise d'un côté à l'autre des frontières.

La route est en montagne et a un dénivelé hyper impressionnant.

Il faut passer par le volcan Isluga pour accéder à la Bolvie. ça monte vraiment à pic.

Je suis dans mon véhicule, entre 2 poids lourds et on roule à peine 30 km/h car la montée est difficile pour les voitures ( encore plus pour les camions).

Je sens que T-Cross "rush" sa vie.

J'entends le moteur qui force.


Je cale à plusieurs reprises.

Je ne sais plus sur quelle vitesse embrayer.

J'ai les mains tellement moites que le volant me glisse entre les doigts.

Je suis totalement confuse.

Je ne suis plus capable de respirer.

J'ai le coeur qui veux me sortir de la poitrine.

J'ai mal partout dans le corps.

J'ai la tête qui va exploser.

Mes mains n'ont plus aucune dextérité, j'ai de la difficulté à bouger les doigts.

Des larmes se mettent à couler.

Ça y est. Je fais un ACV, que je me suis dit.


Je vais mourir, sur l'autoroute 15 du Chili, entre deux truck, pis je vais créer un carambolage.

Faut que je me tasse, je vais au moins aller mourir dans l'accotement et éviter d'amener des vaillants camionneurs avec moi.


Dès que j'apperçois un minimum d'espace sécuritaire pour me mettre en bordure de route, j'y stationne mon véhicule.

Je me mets à pleurer à chaudes larmes.

Je réalise que je ne suis pas en train de faire un ACV.

Je fais une crise de panique.

J'essaie de me contrôler mais, j'en suis incapable.

Mon corps ne répond plus du tout.

Si tu ne sais pas c'est quoi faire une crise de panique, t'es chanceux et je te souhaite de ne jamais vivre ça.

C'est vraiment de la marde !


Je regarde au loin et je vois une pencarte, à environ 50 pieds de moi qui indique : "Vous êtes à 3000 mètres d'altitude"

Je fais 1+1.

Je prends mon téléphone et je regarde l'altitude de Pampa del Tamarugal : à peine 1000 mètres.


J'ai monté l'équivalent de 2000 mètres d'altitude en 1h30.

Mon corps ne le supporte pas.

Pas dans son état actuel.

Je panique encore plus.

J'appelle ma mère qui réussie à me calmer.

Je lui dit que je suis à 3000 mètres d'altitude et que je ne pense pas pouvoir en supporter plus aujourd'hui.

Elle me dit simplement : "mais redescent, c'est tout, ce n'est pas grave."

On raccroche.

Je regarde mes bouteille d'eau sur le banc passager. Elles sont complètement tordues par la pression, comme en avion.

Je regarde mon google map...il me reste à peine 60 km et environ 70 mètres en altitude à monter pour atteindre la frontière Bolivienne.


Non, ça ne le fera pas.

Mon corps dit non.

Pourtant, j'ai fait le passage de Jama ,vers l'Argentine, en début de semaine, qui est à 4200 mètres d'altitude et outre un léger mal de tête, je n'ai rien subi de plus.


Mais, j'étais reposée, je n'avais pas 5 jours de conduite dans le corps.

J'avais bien dormi et bien mangé.

J'avais monté ( conduit) des paliers d'environ 1000 mètres à la fois.


Pour te donner une idée de ce que ça représente, 3000 mètres d'altitude, sache que la route des trolls, en Norvège, que j'ai fait en juillet et qui semblait siiii haute, ne fait que 1800 mètres d'altitude.

Chamonix, dans les alpes, en France, est à peine à 1000 mètres d'altitude.

Katmandou, au Népal, est à seulement 1400 mètres d'altitude

Le plus haut village d'europe, Juf, qui se situe en Suisse, est à 2100 mètres d'altitude.

Le Kilimanjaro fait 3 962 mètres d'altitude et les gens se préparent et s'entrainent pour y monter. ( je suis consciente qu'ils ne le montent pas en char, mais bon, tu comprends le principe...)


J'ai pris Google Map, j'ai regardé la ville d'importance la plus proche et la plus basse en altitude, d'où je me trouvais.

Iquique.

C'était sur ma to do list.

J'y ai réservé un hôtel pour 2 nuits avec mon cell et j'ai fait demi-tour.


Je tremblais comme une feuille tellement ça n'allait pas.

Dès que je me suis mise à descendre, j'ai senti la pression dans mes tempes diminuée, mes poumons se remplir d'air et mon corps se décontracté.

J'ai atteint Iquique, qui est à 52 mètres d'altitude, en 2h30.

Je suis arrivée à l'hôtel, j'ai texté ma mère que tout allait bien, j'ai sauté dans la douche et je me suis littérallement effondrée de fatigue.

J'ai dormi jusqu'à 16h.


Je commence à comprendre le surnom d'Atacama.

Le chaud et le froid, extrême.

Les énormes variations d'altitude, constantes.

Le manque de danrées, de tout genre.

El Diablo, il a plus d'un tour dans son sac...

En photo, l'impressionnante Iquique.

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